mercredi

Epilogue ... par Mat !




Voilà, c'est fait. Le voyage est terminé. Il fallait donc rentrer pour le centenaire d'HELIOS. Daniel devait continuer jusqu'à SANTIAGO. Je devais revenir à CAP D'AIL, à moins que ... Nous rentrons ensemble !



C'est vrai, le chemin nous change. Marcher des heures, c'est surtout VOIR et PENSER, REFLECHIR à tout et à rien. Identifier un peu plus chaque jour l'essentiel et le superflus. Reconnaître parfois, ce que coûte les caprices ou les dégâts des réactions d'amour propre. Le plaisir des AUTRES n'a d'égal que la JOIE de FAIRE ensemble.


On ne se rencontre pas parce que nous le décidons, mais parce que les caractères s'épousent. Les qualités respectives ne sont jamais suffisantes pour éclairer le parcours, si la part des faiblesses, des insuffisances ne sont admises avec la même rigueur.




Être lucide, ce n'est pas avancer dans la même direction "A CAUSE DE" mais surtout "EN DÉPIT DE".



Les échecs que nous subissons les uns et les autres, reposent dès l'origine sur un manque de lucidité. Faire le "chemin", c'était pour Daniel et moi, ne courir après rien, et nous reçûmes tant qu'on attendait pas !


Ainsi va la vie !

Il était mon frère, il est beaucoup plus aujourd'hui. La fraternité est une exigence de l'intelligence, la FRATERNITUDE ... l'oxygène du COEUR et de la TÊTE !




Merci SANTIAGO !!!!!!!!!

ST JEAN-PIED-de-PORT ... vendredi 23 mai

A 6h00, nous descendons prendre notre dernier petit déj'.
Il doit pleuvoir toute la matinée. La promesse est à moitié tenue. Les 3 premières heures, un déluge mais l'équipement est fait pour, sauf qu'en short Daniel a l'eau qui dégouline dans ses "Asolo", il va faire une allergie aux chaussettes "Quechua" ... vous verriez la "gueule de ses pieds" !!! Quand à moi, je ne suis pas à l'aise avec la capuche du poncho, alors, je mets mon chapeau ... au bout d'une heure, je décide compte tenu de l'intensité de l'averse de remettre la capuche ... elle s'était remplie d'eau ... je suis trempé, les "deux Daniel" éclatent de rire à la vue d'un pèlerin "sur-trempé" ???
Les 3 dernières heures sont baignées par un soleil éblouissant, c'est le bouquet final !!!
Il a plu un peu partout en France pendant nos épousailles du chemin ! Seulement trois fois pour nous, la journée du départ, toute une longue journée et pour terminer, la moitié du chemin entre UHART-MIXE et ST JEAN-PIED-de-PORT.
C'est peut-être une faveur exceptionnelle du temps aux deux mécréants". Par contre, il a souvent été voilé. J'aime à croire que c'était pour favoriser les longues marches quotidiennes et qu'il a plu avant que nous passions et qu'il pleuvait après notre passage ! On a beau être "mécréants", cela rassure, peut être, de croire comme les gaulois, que les éléments ont des pouvoirs divins !
Nous marchons sous la pluie à bonne allure, comme d'habitude.
Nous retrouvons à LACARRE Pierre COGNET qui a fait en partant d'ARLES le chemin jusqu'à SANTIAGO, il lui manque les 10 km fait à l'époque, en voiture avec son ami JEFF. Le plaisir d'amitié ralentit l'allure. Pendant tout le trajet de cette dernière étape, la visite de la chapelle basque LA MAGDELEINE est un régal.
L'arrivée à ST JEAN PdeP est l'ultime retrouvailles avec Zsolt le hongrois, ultime fraternisation ! Nous déjeunons dans un bar à vin Basque avec les amis de Pierre, ainsi que sa compagne ... une franche bonne partie de rigolade !
Retour à BAYONNE en voiture avec Pierre. Nous déposons Daniel chez sa fille, toute belle de jeunesse et de grâce. Il m'en a tant dit que je la serrai dans mes bras comme si elle était ma fille !
Je prends le train de nuit pour MONACO à 19h30, Daniel rentrera dimanche soir.
L'attente dans la gare et quelques balades dans BAYONNE me laissent presque craintif et déconcerté, le retour à l'agitation, le bruit et les odeurs me vaccinent à nouveau, aux inévitables turbulences de notre "cher monde" !

UHART-MIXE ... jeudi 22 mai

C'est à 4h30 que nous nous levons pour quitter le gîte à 5h00 après un petit dej' maison !
Nous avons 32 km à faire.
"Robot-Costes" a le feu aux talons. Nous traversons les merveilleux paysages du pays basques et, ce "gros con de Daniel" ne s'attarde même pas pour contempler les merveilles de la création. Un seul désir "avancer", surtout ne jamais s'arrêter pour risquer d'être rejoint par le "papy-accrocheur"
A 11h45, nous arrivons à UHART-MIXE, il feindra "Robot-Costes" l'étonnement d'avoir en aussi peu de temps parcouru 32 km ! Cet homme n'ose pas affronter la vérité. Il aime jouir de la performance sportive qu'il exerce avec talent, en prétextant qu'il s'enivre dans le sport loisir. Je suis fier de cette boule nerveuse alimentée en permanence de générosités contradictoires !!!
Le chemin vers UHART-MIXE est fait de courbes conséquentes mais agréables. Le paysage est d'une sensualité heureuse, d'une tranquillité qui invite à l'arrêt et au repos. Daniel vénère cette somptueuse région, il la connaît bien, il y a vécu. Bien plus, sa tendre fille Crystelle avec son mari et sont fils y demeurent. Cette fille qu'il aime tant et qu'il appelait chaque jour pour avoir des nouvelles de son petit-fils Rafaël qui vient d'avoir 1 an. Il attendait avec une impatience folle de serrer dans ses bras. Lorsque nous sommes habillés d'AMOUR, que ce soit pour celle que l'on aime ou pour le chavirement d'une naissance, une lumière particulière se voit dans le regard. Bien plus, les attitudes ne sont plus les mêmes, le corps ne fonctionne plus sur les automatismes. Il devient plus lent par les gestes, comme si les mouvements des bras pouvaient effrayer l'objet de tant d'amour, il est beau mon Daniel, tout palpitant d'amour pour Odile, Télis, Crystelle et son petit Rafaël qu'il allait bientôt serrer dans ses bras !!!
Les "frères TGV", célèbres activistes heureux du chemin, atteignent l'avant dernière étape, une des plus longues avec l'appétit dans les talons. Le gîte est sympa, fait pour 4. Nous y attendons le Vosgien, je mange mes dernières sardines à l'huile et Daniel son pain et fromage. Douche, dernière lessive pour moi, pas pour Daniel, un peu comme si le symbole du repos assume, incluant "Pas de lessive".
Nous nous offrirons tous les deux, une séance de massage par une "Kiné basque". C'est bien la première fois que je mesure ce qu'est cette profession jamais rencontrée, par rapport à ceux qui s'intitulent "masseur" !
Le dîner à 4, le Vosgien et un jeune homme de 30 ans est un feu d'artifice, de déconnes, de plaisanteries et de facéties ... comme jamais ! Un peu comme si l'inconscient imposait aux minutes qui s'égrènent "Attention ! c'est le dernier jour !!!", "Ne les perdait pas dans l'insignifiant !!!"
A 21h30, nous dormons tous.

NAVARRENX ... mercredi 21 mai




Debout à 5h00, Claude nous fait un petit déjeuner à la mode du pays. A 5h45 il nous accompagne sur le GR65 pour rejoindre NAVARRENX que nous atteignons à 11h45.

Douche, lessive, sieste réparatrice dans un gîte communal neuf et bien agencé par la mairie.

Ce soir, le repas dans le gîte en compagnie de Zsolt et Daniel le Vosgien. Daniel et moi préparons pour nos deux compères la "pasta-choutas" au roquefort, compote et camembert.
Après nous sortons nous promener sur les remparts. Nous visitons la boutique de "l'alchimiste", un artiste liant la nature avec les matériaux modernes ... sympa !
Assis nous divisons sur le chemin !!! Encore 2 jours ou plus que 2 jours ???
Nous rentrons au gîte où Alice, une personne de 65 ans, partage notre chambre. Daniel lui demande :
- "Puis je mettre la télé ?"
- "Oui, mais pas trop fort !" répond-t-elle avant de se rendre compte que nous sommes ... sur le chemin !!!
Extinction des feux à 21h00.

ARTHEZ-de-BEARN ... mardi 20 mai

Nous nous levons à 5h15, les sacs fait, nous allons à la cuisine des pèlerins préparer notre petit déjeuner, café soluble Maxwell et petit beurre bio, Zsolt arrive au moment où nous partons. Nous lui laissons café et petit beurre. Il nous rattrapera avant la sortie d'ARZACQ. Le ciel est voilé, il fait 12°, pour une marche soutenue mais agréable au milieu d'immenses champs de maïs qui bordent les chemins et les petites routes départementales que nous empruntons.

On parle, on se tait, on chante, on regarde ... on avance ! Nous faisons quelques photos sur la ligne blanche d'une départementale comme si elle était une poutre suspendue à 20 mètres du sol !

Il est 10h30, nous avons faim et envie d'un café. A POMPS, une épicerie-buvette dans une grange fait notre bonheur. Zsolt ne s'arrête pas, il redoute toujours les douleurs du redémarrage, surtout après les 3100 km qui a déjà avalés !

Nous arrivons en pleine forme à ARTHEZ-de-BEARN, il est 12h30. Le village est petit mais nous trouvons une délicieuse boucherie-charcuterie où je prends, au grand dam de Daniel, des grattons ainsi que des rillettes. Le pain est de qualité. Nous nous installons à la terrasse d'un café pour dévorer notre repas en trinquant avec un demi. Nous retournons à la boulangerie, gîte que nous avons réservé par l'intermédiaire de mon "Papa-Daniel" ! Un homme arrive avec sa voiture pour nous informer qu'il manque 4 lits dans ce gîte, et que si nous le voulons bien, il nous propose de nous amener dans sa demeure. L'accord est donné ... nous n'aurons pas à le regretter !
La maison de 200 ans est divine, Claude et sa femme, des hôtes exemplaires. Nous allons dormir dans des bons et beaux vieux lits, doux comme l'amour après ce mois de sommeil à la dur !
Le repas est d'une facture personnelle généreuse autant que savoureuse, piperade, canard, pommes de terre sautées, fromages, gâteaux, vins ...
A 22h00 nous sommes couchés dans les draps de lin !

ARZACQ-ARRAZIGUET ... lundi 19 mai


Daniel allume son téléphone pour percevoir l'heure, il est 5h15. C'est l'heure, comme un éveil de pompier en 10 minutes, nous sommes hors de la chambre, sac sur l'épaule, massage des pieds et toilette ... minimum accomplie. Il nous faut être silencieux, la plupart des pèlerins quittent le gîte entre 7h30 et 8h30.
Comme chaque matin, Daniel prépare le café, le pain est sur la table avec une collection de pots de confitures et du beurre. Un jus d'orange, le café, les tartines beurrées avec confitures ... et nous partons, il est 6h00 pile !

Zsolt arrive quand nous partons, au dehors le temps est couvert. Il fait même un peu frais. Il y a 34 km à faire. Pendant 1h30, nous parlons de tout et de ... rien. Daniel me rappelle que nous sommes le 19 mai, le premier anniversaire d'AXEL mon petit-fils.
Les chemins empruntés sont parfois si boueux, que nous évoluons dans des acrobaties digne d'un film de Charlie Chaplin ! Églises, chapelles ... toujours le même étonnement et la même interrogation :
- "des hommes par la passion de leur métier, pour la foi en une divinité ont édifié ces "chefs-d'oeuvres" ... sommes nous capables, au nom de la Liberté-Egalité-Fraternité, d'en faire autant ???"
Je suis en pleine forme et nous marchons vite. Les champs de maïs, avec les plants qui sortent de terre, sont vastes et cernent les chemins qui nous mènent vers ARZACQ-ARRAZIGUET. Daniel a l'oeil perçant, il reconnaît à plus de 500 m, le vosgien qui nous devancent. Pourtant, il ne part jamais avant 7h15, stupéfaction ! On le siffle, on le rattrape :
- "Comment as tu fait ?"
Le "salaud" il a pris un raccourci de plus de 3 km !

Une demi heure plus tard, sur une borne kilométrique, Zsolt le hongrois attend, l'appareil photo à la main. Il nous demande de lui faire plusieurs photos avec le drapeau hongrois et deux affichettes de ses sponsors. Le mystère est résolu, il écrit un livre sur le "chemin de Compostelle". Le Vosgien et le Hongrois se tirent la "bourre" sur le chemin, c'est à celui qui arrivera le premier, ils visitent les chapelles au pas de charge. Avec Daniel, nous levons le pied, tout en marchant à 5 km/h.
Un arrêt pour consommer nos deux dernières tomates et la seule pomme, heureusement, il reste des pruneaux et quelques amandes !
Nous arrivons au gîte d'ARZACQ à 13h30. Un demi et un sandwich au jambon de Bayonne pour attendre 14h00 l'ouverture du gîte.
Douche, lessive, puis Daniel part chez le médecin, les irritations aux pieds l'inquiètent. Je vais chercher les journaux pour les lire au lit ... je m'endors immédiatement jusqu'au retour de Daniel.
Tout va bien, c'est une mycose, la transpiration des pieds dans les chaussettes en est la cause !

Nous sortons faire quelques emplettes, car le petit déjeuner en self-service n'existe pas. Sur place, un chien qui nous suit depuis les 10 derniers kilomètres, semble nous attendre ! Il est incroyable. Il pourrait sembler aux personnes que nous croisons, être notre compagnon.
An gîte, il y a plus de 20 personnes, mais Daniel qui a réservé depuis 10 jours a obtenu une chambre pour 2. Formidable, car le dortoir la nuit, est souvent cruel pour les oreilles ! Le départ est prévu à 5h30. Il nous reste 4 jours pour savourer ce que le chemin nous fit découvrir à l'un et à l'autre.
Le repas du soir est à 19h00 précise, et, il n'y a pas intérêt à ne pas être à l'heure !
Le ciel est couvert, aurons nous le même temps demain ou de la pluie ?
Le dîner est servi à deux tables de 12, Zsolt n'ayant pas réservé ne dînera pas. A la notre, 6 tchèques, Daniel le Vosgien, Francesco le Vénitien, Frédéric qui tous les ans va aux Indes, Jacques le géant breton et nous deux. Daniel et moi sommes devenus les "supers jongleurs des esbroufes", les plus audacieuses et les plus lyriques ! 1h30 de délire ! Une tchèque qui parle parfaitement le français est au spectacle ! Lorsque nous quittons la table, elle me remerciera pour nos dévergondages verbaux ! Je la demande alors en MARIAGE ... elle me réponds OUI, le l'embrasse et je me sauve ... elle a l'âge de Daniel !!!
Justement Daniel m'attend pour me convaincre d'un massage des pieds par une charmante jeune femme, qui exerce la profession de masseuse. Ce que je fais. Vingt minutes de massage des genoux à l'extrémité des orteils, un délice et un réconfort que je ne pouvais soupçonner !
Nous rejoignons notre chambre à 21h30 à 32 nous dormons ! A 2h20, Daniel se lèvera, ses le harcèlent de démangeaisons crispantes.


AIRE sur l'ADOUR ... dimanche 18 mai






Départ 6h00 pour AIRE sur l'ADOUR. Après 2h00 de marche, Daniel le Vosgien apparaît derrière nous. Nous prenons, enfin, une photo puis deux avec lui, photos que nous adresserons à sa femme dès notre retour.

Nous arrivons tous les trois à 11h30, et bien sur nous nous délectons du "demi quotidien" !
Je suis fatigué car, la nuit précédente, j'ai peu dormi ... le repas, le vin et l'excitation des échanges !
Arrivé au gîte, juste une douche et ... au lit. J'en ai bien besoin. Je dors jusqu'à 15h30 !
L'énergie reconstituée, avec Daniel, nous allons visiter la cathédrale d'AIRE sur l'ADOUR. Une merveille en soi, mais sublimée par une restauration quasiment terminée de tous les murs et plafonds, par les peintures originales, un chef-d'oeuvre ! La possibilité d'un tel travail est très rare en France.
Zsolt, notre cher hongrois dîne avec nous au "Coq hardi" en compagnie d'un italien de TREVISE. Nous rentrons à 20h45, AIRE sur l'ADOUR est désert. Nous allons retirer de l'argent au guichet automatique. Ayant fait une "méchante" sieste, je redoute une nuit sans sommeil ???
Je dormirai d'une seule traite jusqu'à 4h40 !

NOGARO ... samedi 17 mai

Nous voudrions quitter EAUZE, exceptionnellement à 7h30, pour prendre le petit déjeuner chez "Christian" sous les arcades, mais, nous sommes réveillé depuis 6h00, il faut attendre 1h30 ? Impossible pour l'impatient que je reste :
- "Allez Daniel, on y va, on part !"
- "Ok pitchounet !"
Nous entrons dans une boulangerie pour entamer le chemin avec un pain aux raisins !
Le temps est remarquable. Pourtant, nous marchons vite, des arrêts traditionnels : boire, pruneaux et chocolat. L'ardeur est au rendez-vous, le plaisir aussi. Tout est beau, tout est calme, les petites chapelles au détours du chemin sont toujours aussi émouvantes.
Avant l'arrivée à NOGARO, nous sommes surpris par un stationnement pour handicapés au bord d'un ruisseau ... en déport plutôt ! Pourquoi faire ???



Nous sommes à NOGARO, il est midi ! Nous nous installons dans un gîte situé près du circuit où s'entraînent des motards.
Une chambre pour deux est le choix, "judicieux" de "Senseï-Daniel" !
Nous déjeunons au restaurant sur une petite place ensoleillée. Ce soir, Gérard RAURICH nous rejoindra pour le repas. Il n'est qu'à 40 minutes de NOGARO. Nous avons choisi le restaurant avec soin, tant mieux, la soirée sera formidable. Deux hommes de cette facture, Gérard et moi, ne pouvaient se rencontrer qu'avec bonheur. Tout y passera, la vie, les convictions et les déconnades ... un vrai bonheur !

EAUZE ... vendredi 16 mai

Nous quittons CONDOM à 5h45, après un petit déjeuner plutôt bien préparé. Nous prenons rapidement un chemin de terre dans un sous-bois qui doit être formidable, lorsqu'il n'a plu la vieille ! C'est en effet, un tapis boueux où le maintien de l'équilibre est une obligation constante. Que de fois, je rétablirai "in-extrémis" l'équilibre, sans me faire mal, ni aux bras, ni aux jambes. Pourtant, je n'échapperai pas à un gadin magistral, juste au moment où la voix de Daniel me criait, une fois encore (merci papa !) :
- "Fais gaffe Mat, c'est une vraie merde ... ce chemin !"
Ainsi vont les surprises du chemin. Pendant cette heure, sportivement difficile, le plus détestable ce sont les moustiques qui tournent autour de nous. Pas moyen de s'arrêter pour "pisser", les voraces sont là ... qui attendent !
Il pleut et pleuvra jusqu'à notre arrivée à EAUZE !!!
Lorsque nous marchons 7 à 8h00 par jour, l'obligation de boire est une impérative nécessité. Cela rentre par un coté mais, il faut bien que cela s'échappe par le bas !
Comme toujours, nous traversons des espaces de grandes surfaces cultivées, pour le blé déjà haut et beau, mais aussi des plants naissants de maïs et de tournesols. Les colza sont déjà grands, mais pas encore en fleurs.
Maintenant, nous progressons quasiment exclusivement, sur le plat. Nous avançons vivement à une vitesse de plus de 5 km/h, toujours avec le sac à 8 kg sur les épaules. Les "bêtes" sont rodées, les jambes fonctionnent à plein régime ! Jusqu'à ce jour, aucun problèmes aux pieds, aux jambes, ni ampoules ni douleurs, les massages d'arrivée et de départ ne me semblent plus nécessaires. Je pose la question à "Senseï-Daniel" :
- Faut il encore nous masser deux fois chaque jour ?"
La réponse tombe ... magistrale :
- "Tu peux essayer ... si tu veux !"
Au diable, les tentations d'insubordinations, le "Maître" a parlé, suivons aveuglément la divine parole !
A 13h00, nous arrivons à EAUZE. Sur la place une grande et belle église romane, sous les arcades, en face de celle-ci, un café où nous consommons notre demi ! Nous sortons pain, sardines et fromage pour réguler la vitalité des pèlerins exténués. Quelques temps après nous Daniel le Vosgien arrive et s'installe à la table. Le patron du café, Christian, riche d'un humour glacé, répond à nos questions. Un bon joyeux moment pour des marcheurs "déconneurs" !
Le gîte d'accueil est juste à côté, 5 lits dans une grande chambre, haute de plafond.
Le soir, à nouveau, nous dînons à la cuisine, pâtes au roquefort, omelette de 12 oeufs avec tomates et fromage râpé. Les 1,5 kg de pates savoureuses disparaît en peu de temps, Zsolt le hongrois, 27 ans, bâti comme John Wayne est végétarien. Le "salaud", il mange autant que moi ! Pour le dessert, de la compote de pomme, comme pour les fois précédentes, je fais la cuisine ... ils font la vaisselle. Une équipe remarquable et remarquée !

CONDOM ... jeudi 15 mai

Nous nous levons à 5h00, pour partir à 5h45 après un copieux petit-déjeuner. Il a plut pendant la nuit, le premier chemin de terre que nous abordons est terriblement glissant. Daniel toujours aussi prévenant me dit :

- "Mat fait gaffe, ça glisse !"
Aussitôt dit ... aussitôt je me ramasse un "gadin" de première !!! Heureusement que j'ai le sens de l'équilibre et ... mon fidèle bâton à la main, je tombe tout de même sur mon sac, je me relève doucement !
Après 2h00 de marche, le ciel se découvre. Encore une fois, c'est le temps idéal pour progresser vers CONDOM, que nous atteignons vers 12h00. Nous y retrouvons Catherine assise sur les marches du jardin public, qui a fait le trajet en stop. Elle devrait achever son épreuve d'ici peu, le médecin de LECTOURE a fait un "bide".

Nous prenons le demi de l'arrivée sur la place de l'imposante cathédrale. Ensuite, nous allons à la boutique SNCF pour prendre nos billets retour BAYONNE-NICE. Le préposé nous arrange le tout remarquablement, puisqu'il nous fait économiser à l'un et à l'autre près de 50€ chacun et par les temps qui courent, ce n'est pas un luxe !!!

A 13h00, nous déjeunons au restaurant. Je m'étais fait la promesse de fumer un cigare (je n'ai plus fumé depuis 1 mois) et de boire un Armagnac à la fin d'un repas à CONDOM pour honorer la mémoire de mon ami François LENOIR décédé il y a maintenant 18 mois. Ainsi va la vie !

Nous allons visiter la cathédrale et son cloître. Toujours surprenant, nous les avions visités Michou et moi en venant chez les LENOIR !!!

Nous regagnons le gîte. Nos vieilles connaissances y sont. Ils proposent que nous préparions le repas du soir ... nos talents culinaires font références ??? Nous sommes 5 à table. Nous achetons 1,5 kg de spaghetti, sauce tomate basilic, fromage râpé et même du beurre, des pommes et de quoi festoyer demain midi sur le chemin qui nous mènera à EAUZE.

Nous allons à la poste pour expédier nos sacs de couchage, 600 g de moins à porter ! Nous achetons un "sac à viande" pour la fin du parcours. Il fait chaud et beau.

Un orage éclate à 17h30, tout le monde est au lit dans le dortoir, la reconstitution de l'énergie est un acte obligatoire, avant de passer, à 19h00, à table déguster notre merveilleux repas.

LECTOURE ... mercredi 14 mai

Nous quittons ce sublime petit village de 2000 habitants à 5h45 pour un trajet de 34 km vers LECTOURE. Je pensais que ce trajet me serait pénible. Il n'en fut rien ! A 2h00 de l'arrivée, nous nous arrêtons pour déguster le sandwich que j'avais préparé la veille, pâté et fromage. Daniel le Vosgien passe, nous l'interpellons pour déjeuner ensemble. "Daniel-Coach" fait des photos d'art d'un "pèlerin-nu-de-retour-de-Compostelle" !!!


Son talent est-il à la hauteur des paysages et de ce modèle exceptionnel qui passe par là ... la suite nous le dira !







Nous arrivons à LECTOURE. Nous visitons la ville, après la sempiternelle corvée de chaque arrivée !!!

Toute la journée, nous avons redouté la pluie, elle arrive vers 19h00. Ce soir nous dînons au gîte, 1,5 kg de spaghetti pour 3 ! Les sucres lents sont d'une grande nécessité pour les pèlerins. Encore une fois dans ce gîte, d'Isabelle la pèlerine, où nous dormons dans des lits superposés, nous retrouvons des pèlerins de vieilles connaissances ; huit personnes dont Zsolt le hongrois qui marche inéluctablement vers Santiago et Daniel le Vosgien.

2 pots de tomates, 2 boites de thon à l'huile, du fromage râpé et la cuisine est en marche. Dans une énorme cocotte minute, l'eau est mise à chauffer. Lorsqu'elle est chaude, j'y plonge les spaghetti chargeant le Vosgien de la surveillance de la cuisson. La montre à la main, il attend ! je le sors de la cuisine car, il faut les tourner et retourner avec "amour" pour qu'elles soient "al dente" !

Avec "Daniel-Coach", nous faisons avec attention et amour le mélange de l'ensemble. Autour de la table, des jeunes femmes inertes (?), dégustent piteusement une pale nourriture de l'industrie alimentaire. Nos pâtes sentent le bonheur d'avoir été préparées. Nous nous délectons. Plusieurs fois, nous proposons, la réponse est toujours NON ! Zsolt se décide enfin, les femmes suivront timidement ! Le repas terminé, les deux "Daniel" feront la vaisselle en compagnie de Zsolt ... les femmes sont stupéfaites ! Nous sommes heureux du résultat de cette soirée.

A 20h45, tous regagnent le dortoir tandis qu'avec "Senseï-Daniel" nous sortons dans LECTOURE. La petite ville est complètement désertée et profondément silencieuse. Nous profitons de ce silence pour apprécier les remparts et la vue au soleil couchant.